Doublement de la consommation d’énergie d’ici 2040 dans les pays du sud de la Méditerranée, nécessité de remplacer la part des énergies fossiles, amélioration de l’efficacité énergétique. Les défis de l’énergie en Méditerranée sont nombreux. Pour y faire face, les enjeux environnementaux percutent souvent la question des coûts de production pour mener une transition des énergies fossiles vers des énergies renouvelables.
Il en va de la responsabilité des peuples d’apprendre à consommer mieux et moins. Mais aussi des moyens des Etats, et de leur capacité à se détacher des enjeux financiers et parfois géopolitiques qui sous-tendent cette production énergétique. Dans ce contexte rude, le bouillonnement scientifique et les initiatives citoyennes font bouger la Méditerranée, mais les résistances sont réelles dans la société. Car sur les différentes rives, les enjeux ne sont pas les mêmes.
Au Liban et en Algérie où certaines régions ont encore peu accès à l’électricité, la priorité pour les habitants est de sortir de cette carence par tous les moyens, et la réponse des États est souvent de booster l’exploitation des énergies fossiles (pétrole et gaz).
La Turquie, également touchée par les limites de sa production énergétique, se tourne aujourd’hui vers le nucléaire avec l’implantation de nouveaux sites. « Mais pourquoi se donner tant de mal pour un projet si défaillant et qui de plus ne couvrira pas plus de 7 % du besoin énergétique à son apogée, pour diminuer ensuite d’année en année ? » s’interrogent et dénoncent de courageux citoyens.
Ailleurs, des pistes se dévoilent et des équipes tâtonnent pour développer les modèles de demain. La petite île de Tilos en Grèce, est devenue — presque — 100 % autonome grâce à la production d’énergies renouvelables produites par le soleil et le vent. Un exemple à suivre ? Oui, mais pas si facile à reproduire.
En France et en Espagne, les citoyens s’engagent au sein de coopératives qui produisent leur propre électricité. Des initiatives qui peuvent s’implanter au niveau local, là où des communes ou des groupes d’habitants s’impliquent, favorisant les circuits courts. L’étape de la transition au niveau national prendra du temps suivant le climat, les besoins et le changement d’attitude des consommateurs.
La responsabilité des pays du nord de la Méditerranée est aujourd’hui de sortir de la logique commerciale pour aider au co-développement des pays du sud dans une logique globale. Le modèle des circuits courts soutenus à l’échelle locale, puis nationale et ensuite internationale, constitue une piste de réflexion vers la transition que 15–38 a décidé d’aller explorer durant ces deux mois.
Ce dossier est réalisé sur une période de deux mois, les prochains reportages seront diffusés d’ici la fin du mois d’octobre.