Sauvetage en haute mer : l’Union Européenne appelée au courage politique et à une coordination des secours

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A l’occasion des cinq ans de l’association, SOS Méditer­ranée organ­i­sait le same­di 24 sep­tem­bre 2020 une journée de sol­i­dar­ité à Mar­seille. L’occasion pour les équipes de l’association civile européenne de revenir sur la sit­u­a­tion en Méditer­ranée cen­trale, mais aus­si sur les récentes propo­si­tions de la Com­mis­sion européenne con­cer­nant le sauve­tage en mer.

Plus de 20 000 morts en Méditer­ranée depuis 2014 selon l’Organisation Inter­na­tionale pour les migra­tions (OIM). Dans son « nou­veau pacte sur la migra­tion et l’asile » présen­té le 23 sep­tem­bre, la Com­mis­sion européenne fait des propo­si­tions con­cer­nant la ques­tion du sauve­tage en mer Méditer­ranée. Elle évoque notam­ment la pos­si­bil­ité de ren­dre oblig­a­toire la sol­i­dar­ité des mem­bres de l’Union européenne avec les pays de pre­mières arrivées des migrants (prin­ci­pale­ment Ital­ie, Grèce et Malte en Méditer­ranée cen­trale et ori­en­tale). Des annonces accueil­lies pos­i­tive­ment par l’association SOS Méditer­ranée qui ques­tionne néan­moins les délais de mise en œuvre de ces mesures alors que l’urgence en mer est tou­jours là. Ces propo­si­tions doivent en effet à présent être votées par les 27 mem­bres de l’Union européenne.

« Actuelle­ment, il n’y a plus aucun bateau de sauve­tage en Méditer­ranée cen­trale », explique François Thomas le Prési­dent de l’association. Six bateaux sont en effet blo­qués dans des ports ital­iens par les autorités mar­itimes du pays pour des con­trôles, dont l’Ocean Viking affrété par SOS Méditer­ranée sous pavil­lon norvégien. L’association dénonce d’ailleurs une recherche « de la non-con­for­mité » qui aurait entrainé la déci­sion de blo­quer le navire par les autorités ital­i­ennes.

« Aucune autorité ne prend la respon­s­abil­ité de la coor­di­na­tion des sec­ours », regrette Sophie Beau la direc­trice de SOS Méditer­ranée et sa co-fon­da­trice. Elle appelle les pays mem­bres de l’Union Européenne à faire preuve de courage, et surtout à met­tre en place un véri­ta­ble mécan­isme de répar­ti­tion entre les Etats. Car depuis 2018, la respon­s­abil­ité de l’organisation des sec­ours a été trans­mise aux autorités libyennes. Or, pour l’association qui souhaite voir respec­té le droit mar­itime, cette sit­u­a­tion n’est pas ten­able car les ports libyens ne sont pas con­sid­érés comme des ports sûrs pou­vant accueil­lir des deman­des d’asile et respecter les droits humains élé­men­taires.

En atten­dant de voir la prise en charge évoluer, la sit­u­a­tion en haute mer est tou­jours cri­tique. « On revoit des gros bateaux de pêche qui sont venus en aide aux embar­ca­tions en détresse et qui sont sur­chargés avec plus de 800 per­son­nes à bord, comme au début des opéra­tions en 2015 », témoigne Nicholas Roma­niuk, coor­di­na­teur des sauve­tages pour SOS Méditer­ranée. Lors de sa dernière mis­sion à bord de l’Ocean Viking il a été con­fron­té avec tout l’équipage à une détresse impor­tante : « nous avons fait face à deux ten­ta­tives de sui­cide, des per­son­nes sec­ou­rues se sont jetées à la mer ». L’attente pour obtenir une autori­sa­tion de débar­que­ment des per­son­nes dure par­fois plusieurs semaines. « Des con­di­tions insup­port­a­bles pour beau­coup des migrants sec­ou­rus déjà affaib­lis par la tra­ver­sée, leur pas­sage en Libye et la route de l’exil », com­plète le marin.

Dans ce con­texte, SOS Méditer­ranée réitère son souhait de voir mis en place « un sys­tème pérenne et coor­don­né qui puisse per­me­t­tre le débar­que­ment de ces per­son­nes dans un lieu sûr, le plus rapi­de­ment pos­si­ble ». Elle demande égale­ment aux autorités ital­i­ennes de lever le blocage du navire l’Ocean Viking : « il est urgent que nous puis­sions repar­tir dans les meilleurs délais afin de porter sec­ours aux embar­ca­tions qui quit­tent les côtes libyennes sans gages d’at­tein­dre les pre­mières côtes européennes », rap­pelle François Thomas.

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