Covid-19 : Après un mois, le Maroc se bat pour minimiser les dégâts

1080 0
1080 0

Le Maroc, un autre pays qui s’ajoute à la longue liste des pays souf­frant de la pandémie COVID19, avec 600 cas con­fir­més, 33 décès et 15 guéris selon le min­istère de la san­té. Le coro­n­avirus se répand rapi­de­ment avec des risques de mor­tal­ité élevés chez cer­taines per­son­nes. Que fait le Maroc pour con­trôler la prop­a­ga­tion ? Com­ment les Maro­cains réagis­sent ?

Suite à l’an­nonce de pre­miers malades touchés par le COVID 19, les autorités maro­caines ont com­mencé par sus­pendre les vols en prove­nance, de la Chine, épi­cen­tre du Virus, de l’Italie, le pays le plus touché sur le con­ti­nent européen suivi de l’Espagne, de l’Algérie, puis de l’ensem­ble des pays du monde. Selon le min­istère des affaires étrangères, cette déci­sion s’inscrit dans le cadre des mesures préven­tives con­tre la prop­a­ga­tion du Coro­n­avirus.

Etat d’urgence et con­fine­ment oblig­a­toire

Sur l’échelle nationale, et tou­jours dans le cadre de ces mesures, le Maroc a décidé d’annuler les rassem­ble­ments et les man­i­fes­ta­tions sportives, cul­turelles et artis­tiques tels que les grands fes­ti­vals : Mawazine à Rabat, et Tim­i­tar à Agadir, de sus­pendre les cours dans les écoles comme dans les uni­ver­sités, de fer­mer pro­vi­soire­ment les mosquées, d’interdire les audi­ences dans les dif­férents tri­bunaux du Roy­aume. Une autre série de mesures pris­es par les autorités com­pé­tentes con­cerne le domaine des trans­ports publics qui prévoit de lim­iter à trois les places dans les grands taxis, au lieu des six en vigueur. Les auto­bus et tramways ne doivent pas dépass­er leur capac­ité max­i­male, en lim­i­tant le nom­bre de pas­sagers au nom­bre de sièges disponibles. Il s’ag­it égale­ment du lance­ment d’une large opéra­tion de dés­in­fec­tion des dif­férentes caté­gories des bus de trans­port en com­mun, des tramways ain­si que les grands et petits taxis, plusieurs fois par semaine. Et la fer­me­ture des espaces publics con­sid­érés comme non essen­tiels.

Le Maroc a décrété ven­dre­di 20 Mars à par­tir de 18h, le con­fine­ment oblig­a­toire des citoyens pour lim­iter et restrein­dre au max­i­mum leurs déplace­ments. Des restric­tions con­sid­érées comme un moyen inévitable pour lim­iter la prop­a­ga­tion du coro­n­avirus selon le min­istère de l’intérieur. Ce dernier pré­cise que le fait de quit­ter son domi­cile sera con­di­tion­né par l’obtention d’un doc­u­ment offi­ciel auprès des caïds, chefs de cir­con­scrip­tion selon ces con­di­tions :
Se ren­dre au tra­vail quand il n’y a aucune pos­si­bil­ité de télé­tra­vailler, pour les sociétés, les usines, les exploita­tions agri­coles, les locaux et espaces de com­merce en rap­port avec la vie quo­ti­di­enne du citoyen, les phar­ma­cies, les secteurs ban­caire et financier, les sta­tions d’approvisionnement en hydro­car­bu­res, les clin­iques et cab­i­nets médi­caux, les agences des sociétés de télé­com­mu­ni­ca­tions, les pro­fes­sions libérales indis­pens­ables et les locaux de vente des pro­duits d’hygiène.

Dans ce cadre les autorités locales, les mairies, les pré­fec­tures, les Forces publiques dont la Sûreté nationale, la Gen­darmerie Royale et les Forces Aux­il­i­aires, des forces d’ap­pui, chargées de main­tenir l’or­dre dans le Roy­aume, qui suiv­ent un régime mil­i­taire et qui sont dépen­dantes du min­istère de l’In­térieur, veilleront à ce que les mesures de con­trôle s’appliquent avec fer­meté envers toute per­son­ne présente dans l’e­space pub­lic.

Dans un autre com­mu­niqué du Min­istère de l’Intérieur, depuis le 21 Mars, il est désor­mais inter­dit d’utiliser les moyens de trans­port publics et privés entre les villes, ajoutant que le trans­port des marchan­dis­es et des pro­duits de base s’effectuera dans les con­di­tions nor­males pour sat­is­faire les besoins des citoyens, et que tout déplace­ment pour des raisons de san­té et pro­fes­sion­nelles prou­vées par des doc­u­ments délivrés par l’administration sera autorisé.

La société maro­caine divisée entre celle qui respecte les mesures et l’autre qui résiste

Selon le min­istère de la san­té, les cas se sont man­i­festés dans plusieurs local­ités. Com­mençons par les deux aggloméra­tions Casablan­ca-Set­tat et Rabat-Salé-Ken­i­tra qui sont respec­tive­ment en pre­mière et deux­ième posi­tion avec les nom­bres les plus élevés de con­t­a­m­i­na­tion. Les habi­tants de ces régions mesurent l’importance du con­fine­ment pour faire face à la prop­a­ga­tion du virus, sauf une par­tie qui résiste encore et qui ne respecte pas les mesures pris­es par l’Etat.
Les autorités sécu­ri­taires en charge de faire respecter le con­fine­ment placées sur les ronds points, les boule­vards, et même dans les ruelles pour mieux con­trôler les déplace­ments des citoyens, les oblig­ent donc à respecter les nou­velles mesures. Pour toute per­son­ne désobéis­sant aux autorités une peine d’un à trois mois de prison et une amende de 300 allant jusqu’à 1 300 dirhams sera pronon­cée. Des groupes de policiers sont égale­ment mobil­isés afin de faire le tour des quartiers en scan­dant via des hauts par­leurs des mes­sages comme « Nous vous pri­ons de rester chez vous et de ne sor­tir que s’il est néces­saire, nous comp­tons sur votre impli­ca­tion, et votre sol­i­dar­ité pour dépass­er cette épreuve ensem­ble ».

” Rues désertes à Salé ” région de Rabat. Crédit : Mohamed El Idris­si à Salé

El Kelaâ des Sragh­nas est une ville qui n’a enreg­istré aucun cas de con­t­a­m­i­na­tion. Elle est située au nord-est de la région de Mar­rakech-Safi au nord-est de la ville de Mar­rakech, qui a pour­tant déclaré 43 cas. Une habi­tante de cette ville a déclaré que la qua­si-total­ité des habi­tants respecte ce qui a été dic­té par les autorités, « Chez nous, les gens font leurs cours­es le matin, rarement le soir, tous les com­merces fer­ment à 18h, et les autorités con­trô­lent la ville jusqu’à 6 h du matin ».

Sur les réseaux soci­aux, beau­coup de médecins et infir­miers insis­tent sur l’importance du respect des mesures préven­tives pour éviter d’être con­t­a­m­iné, en lançant un hash­tag #reste_chez_toi, selon eux la meilleure façon de se pré­mu­nir con­tre le virus et de sauver des vies est de rester chez soi, et que la grande prop­a­ga­tion du coro­n­avirus risque de débor­der le sys­tème de san­té maro­cain.

Une infir­mière dans un hôpi­tal à Rabat a déclaré que « les choses sont dev­enues de plus en plus sérieuses, les hôpi­taux sont en état d’alerte. Nous faisons des réu­nions régulière­ment pour pou­voir gér­er la sit­u­a­tion. Un groupe veille sur les cas con­t­a­m­inés et un autre sur les autres malades » elle a ajouté, « nous devons nous com­porter avec toutes les per­son­nes comme si elles étaient por­teuses du Virus ».

Le Maroc dis­pose de 44 hôpi­taux qui peu­vent accueil­lir des malades con­t­a­m­inés par le coro­n­avirus, de 32 cen­tres de con­sul­ta­tions spé­cial­isés, de 1640 lits de réan­i­ma­tion, dont 684 dans le secteur pub­lic et 504 dans le privé, 70 lits dans les struc­tures médi­cales mil­i­taires et 132 dans les étab­lisse­ments d’intérêt général et la créa­tion pro­gram­mée de 250 nou­veaux lits de réan­i­ma­tion.

Le Roy­aume a annon­cé récem­ment l’u­til­i­sa­tion sys­té­ma­tique de la chloro­quine pour les malades atteints du coro­n­avirus et a acheté tous les stocks disponibles dans le pays. 

Soukaina ELMAHFOUD actuelle­ment virtuelle­ment en stage à 15–38.

Pho­to Une : rue déserte de Taza, petite ville située dans la région de Fès-Meknès. Crédit : Samia N’jou­mi

In this article