En ces jours de mobilisations, Justin de Gonzague promène son micro dans les cortèges qui vibrent dans les rues de Marseille. Du jaune au vert, il slalome et donne la parole, sans se soucier des couleurs, afin de montrer la diversité des raisons de la colère.
Voici 18 semaines que j’attends ce moment où l’ensemble de la représentation nationale se retrouve dans la rue. Cet article n’empruntera pas le visage parfois factice de la neutralité journalistique, car en matière de climat il est compliqué de mettre un voile pudique sur une plume qui échapperait au dérèglement de cette dernière.
Mon périple au cœur de la bataille pour sauver notre climat commence par les jeunes pouces de notre nation. Elles ont bien choisi leur moment car les grands débats en veux tu en voilà, ils, elles n’en veulent plus. Ce monde, ils et elles veulent nous le confisquer dans l’espoir d’avoir le temps de le rendre plus beau. Nous assistons bien à un renversement du pouvoir d’exemplarité. Les adultes marchent derrière car trop englués dans un rapport au tout argent.
De l’argent au capitalisme fou, je quitte la sève pour interroger l’amalgame du jaune et du vert dans l’espace public marseillais. Nous sommes samedi et le soleil rayonne toujours sur la problématique climatique à l’heure où mes pieds me portent vers cette mixité improbable selon la doxa des médias mainstream. Ils, elles marchent ensemble s’acceptant côte à côte pour manifester leur désir d’un autre horizon. Nous allons parler de leur relation dans ce climat social délétère.
Passant du coq à l’âne, mon micro n’établit aucune frontière sur les deux orientations d’une lutte sociale en mouvement. Les générations se livrent sur les ondes de 15–38. Par la suite, en écoutant cet écosystème en post production je me rends compte que la jonction était présente dans le vocabulaire utilisé. De la jeunesse qui s’engage dans la course contre la montre climatique, aux retraités qui ne digèrent plus la captation des fruits de leur travail par les fonds de pensions, la jonction des maux du capitalisme aux mots de l’humain se retrouve sur le même terrain climatique. Peu importe l’entrée discursive, peu importe pourquoi ils, elles sont entré.e.s en lutte, tous ont le même ennemi. Certains le nomment “argent”, certains “capitalisme”, d’autres “irresponsabilité des politiques et de leurs décisions” mais tous sont volontaires pour lutter contre ce dérèglement causé par l’activité humaine.
Si mon micro n’est pas en reste pour capter les éléments caractéristiques de cette jonction humaine autour de la question climatique, mon œil reste au aguets pour photographier les slogans véritables signifiants de la lutte. Les perdreaux de l’année rivalisent de créativité avec les vieux singes qui ne veulent plus grimacer. Ainsi va la vie de notre temps où tout se conjugue, en lutte pour notre survie. D’où l’importance de peser les mots dans ces temps troubles de notre humanité.
Voici l’aventure que je vous propose, cette dernière n’est pas datée, elle invite à ne pas cloisonner votre pensée sur un groupe humain qui serait plus valable qu’un autre en matière de défense de notre écosystème. Là n’est pas l’objet ou n’est plus l’objet de notre engagement à tous dans la lutte contre le dérèglement climatique. En effet, je pourrais me cacher derrière un traitement séparatiste : les uns le vendredi, les autres le samedi, mais dès lors où me situer ? Est-ce à dire que ceux du vendredi ne souffriraient pas autant que ceux du samedi s’agissant du défi commun qui nous attend ? Les solutions se trouvent peut être dans le changement de mode de production mais avant tout peut-être aussi dans le mode de production de la pensée humaine.