Edito : Villes méditerranéennes, passé, présent, futur

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Deux habi­tants sur trois vivent en ville dans les pays du pour­tour méditer­ranéen. Vers 2030, ils représen­teront les trois quarts de la pop­u­la­tion totale. Selon un rap­port du Plan Bleu, dans l’ensemble des vingt et un pays du pour­tour méditer­ranéen, la pop­u­la­tion urbaine – rési­dant dans des aggloméra­tions de plus de 10 000 habi­tants – est passée de 94 mil­lions en 1950 (44 % de la pop­u­la­tion) à 274 mil­lions en 2000 (64 %).

Com­ment gér­er ce développe­ment ? Que nous appren­nent l’his­toire et l’évo­lu­tion de nos villes pour bâtir un futur durable ? 15–38 place les villes méditer­ranéennes au cen­tre du viseur esti­val. Comme l’année dernière, nous prenons le temps et pub­lions les reportages, analy­ses, images, balades sonores, au fil des semaines jusqu’à la fin du mois d’août. Pour ce pre­mier opus direc­tion la Syrie, en pas­sant par Mar­seille, Barcelone et Tel Aviv.

À Mar­seille, l’enchevêtrement de vil­lages et de bar­res d’immeuble de la deux­ième ville de France inter­roge. Com­ment en est-on arrivé à une telle organ­i­sa­tion ? Quelles con­séquences sur la vie quo­ti­di­enne des habi­tants ? Cet ensem­ble dis­parate s’est con­sti­tué au grès d’une urban­i­sa­tion que les spé­cial­istes nom­ment de « comble­ment », ou com­ment combler les trous entre les noy­aux vil­la­geois exis­tants, en y plan­tant des tours.

Quelle vie économique et sociale dans les cen­tres-villes avec l’ubéri­sa­tion de la société et des loge­ments, comme à Barcelone en Espagne, où les habi­ta­tions sont de plus en plus louées aux touristes à la nuitée, entraî­nant une hausse con­séquente des loy­ers ? Le con­seil munic­i­pal de Ada Colau (Podemos) a déclaré la guerre aux loca­tions illé­gales des apparte­ments touris­tiques, comme Airbnb et sim­i­laires. Com­ment tout cela s’est pro­duit, com­ment se passe l’action con­tre le tourisme de masse ? Com­ment cela change la ville et qu’en pensent les rési­dents ?

En Israël, l’histoire nous apprend com­ment les pre­mières pop­u­la­tions se sont instal­lées et organ­isées. Tel Aviv con­cen­tre plus de 4 000 bâti­ments de style Bauhaus (dont 1 000 ont été classés au pat­ri­moine de l’UNESCO en 2003). La “ville blanche” abrite ain­si le plus grand ensem­ble d’architecture mod­erne au monde et le mieux préservé. Une par­tic­u­lar­ité qui fait le charme de la ville, mais qui racon­te aus­si son his­toire. Des archi­tectes avaient alors immi­gré après avoir été for­més dans divers pays d’Europe et conçu les bâti­ments. A l’époque, le choix du min­i­mal­isme était davan­tage motivé par des enjeux pra­tiques qu’esthétiques : il s’agissait de con­stru­ire rapi­de­ment et à moin­dre coût pour accueil­lir les nou­velles vagues de migrants.

Enfin, en Syrie, l’enjeu actuel de la recon­struc­tion se trou­ve dans des lois sur la pro­priété décidées par le régime syrien en 2012 et 2018. Ces régle­men­ta­tions exclu­ent de nom­breux Syriens déplacés à l’intérieur et réfugiés à l’extérieur du pays. Avo­cats, archi­tectes et col­lec­tifs se con­stituent aujourd’hui pour informer la pop­u­la­tion et dénon­cer l’injustice de ces déci­sions des­tinées à chang­er le vis­age de la Syrie.

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