De Calais à Saint-Bauzille

Ils vien­nent d’Éry­thrée, du Soudan, d’Afghanistan, de Syrie, d’I­rak et d’autres con­trées. Des femmes, des hommes et des enfants fuyant les con­flits et l’in­sécu­rité de leurs pays. Ici...

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Ils vien­nent d’Éry­thrée, du Soudan, d’Afghanistan, de Syrie, d’I­rak et d’autres con­trées. Des femmes, des hommes et des enfants fuyant les con­flits et l’in­sécu­rité de leurs pays. Ici ils sont devenus des migrants, des réfugiés, des exilés, des deman­deurs d’asile et se sont retrou­vés dans ce bois aux portes de l’An­gleterre nom­mé la « jun­gle de Calais». Depuis 2002, ils y tran­si­taient, habitaient et sur­vivaient. L’ag­gra­va­tion des con­di­tions de vie et de la sécu­rité dans les camps, l’ac­croisse­ment du nom­bre de per­son­nes et la volon­té de repren­dre le con­trôle de la sit­u­a­tion a con­duit le gou­verne­ment à réa­gir. En octo­bre 2015, il annonce l’ou­ver­ture de cen­tres d’ac­cueil et d’ori­en­ta­tion (CAO) afin de répar­tir peu à peu les réfugiés à tra­vers toute la France. Dans ces nou­veaux lieux de tran­sit, encadrés par des édu­ca­teurs, ils doivent repren­dre leur réc­it de vie et entamer des procé­dures de demande d’asile.

Dans le sud de la France, la région Occ­i­tanie a accueil­li une large part des migrants de Calais dans ses villes et ses vil­lages. Aux portes des Cévennes, à Saint-Bauzille-de-Putois, le cli­mat s’est ten­du au mois d’oc­to­bre 2016 à l’an­nonce de l’ar­rivée de 87 migrants dans ce vil­lage de 1861 habi­tants. Cette annonce inter­v­enue seule­ment 13 jours avant l’ac­cueil de jeunes hommes soudanais a dans un pre­mier temps choqué les vil­la­geois mais a aus­si créé un bel élan de sol­i­dar­ité qui s’est éten­du aux local­ités voisines.

Reportage

A la sor­tie du vil­lage de Saint-Bauzille-de-Putois, le cen­tre de vacances pleine nature « Les lutins Cévenols » s’est trans­for­mé en cen­tre d’ac­cueil et d’ori­en­ta­tion (CAO) pour accueil­lir 43 hommes orig­i­naires du Soudan. Le lieu devait fer­mer ses portes fin octo­bre pour des raisons finan­cières. Mais le groupe SOS sol­i­dar­ités, gérant du cen­tre, a obtenu des sub­ven­tions éta­tiques à la suite d’un appel d’of­fre lancé par l’E­tat afin d’ad­min­istr­er les CAO. Aujour­d’hui, 12 salariés et plus de 200 bénév­oles réu­nis en col­lec­tif s’ac­tivent pour organ­is­er le quo­ti­di­en des jeunes soudanais et redonner vie à cette grande mai­son.

Retraitée dynamique, Dominique s’est rapi­de­ment mobil­isée face aux réti­cences de cer­tains vil­la­geois. Elle se rend quo­ti­di­en­nement au CAO pour échang­er en français, en anglais et en arabe et soutenir les réfugiés soudanais dans leurs activ­ités.

Entrée du cen­tre de vacances de pleine nature “Les Lutins Cévenols” trans­for­mé en CAO où sont accueil­lis les jeunes soudanais

Dans la salle com­mune, les jeunes vien­nent boire du thé, du café et dis­cuter avec les bénév­oles. Aze­dine pose beau­coup de ques­tions sur notre nou­veau média méditer­ranéen avant de se rap­procher du micro. A 23 ans, il a quit­té sa famille et son pays, le Soudan.

En fin de journée, une nou­velle vis­i­teuse arrive. Accom­pa­g­née de son nour­ris­son et de son fils, Lau­re est venue apporter le goûter dans la salle com­mune.

Dans le coin télé, les jeunes regar­dent des clips musi­caux du Soudan. Han­ni tient le bébé de Lau­re dans ses bras. Au début hési­tant et méfi­ant, ce grand jeune homme de 33 ans, diplômé en ingénierie infor­ma­tique accepte de se con­fi­er.

Der­rière son bureau recou­vert de papiers et d’en­veloppes, l’é­d­u­ca­teur et coor­di­na­teur du CAO, Xavier Meil­lac, finalise les dossiers de demande d’asile.

Cen­tre du vil­lage de Saint-Bauzille

A un kilo­mètre de là, à la mairie de Saint Bauzille, Michel Issert, le maire, s’af­faire d’un bureau à l’autre. A l’o­rig­ine de la cam­pagne d’af­fichage « 87 migrants, c’est trop », il est accusé par des mil­i­tants d’avoir provo­qué les ten­sions et le rejet de l’ac­cueil. Il explique sa posi­tion.

Mal­gré les propo­si­tions d’ac­tiv­ités émis­es par le maire, les rela­tions entre la mairie et le CAO restent ten­dues. Au cen­tre du vil­lage les ten­sions sem­blent pour­tant s’a­pais­er. Les habi­tants ne désirent pas s’ex­primer ouverte­ment sur le sujet mais quand on les ques­tionne hors micro, ils insis­tent sur le fait qu’ils auraient aimé être mieux infor­més con­cer­nant l’o­rig­ine des arrivants et les con­di­tions de leur séjour craig­nant leur instal­la­tion défini­tive dans un si petit vil­lage déjà dure­ment touché par la crise de l’emploi. Comme de nom­breux CAO en France, celui de Saint Bauzille va devoir fer­mer ses portes dans quelques mois. La prochaine étape étant la répar­ti­tion des per­son­nes dans des cen­tre d’ac­cueil pour deman­deurs d’asile (CADA). Mais pour le moment les places sont insuff­isantes. Pour Han­ni, Aze­dine et leurs amis la route vers l’asile, la paix et le repos est encore longue mais ils pour­ront compter sur le col­lec­tif de bénév­oles qui a l’in­ten­tion de les accom­pa­g­n­er après la fer­me­ture du CAO.

A venir

Vous pour­rez retrou­ver ici, et suiv­re au fil des mois la suite du par­cours des jeunes soudanais et de la mobil­i­sa­tion.

A venir égale­ment dans les prochains mois, un reportage sur le même sujet mais cette fois au cœur d’une grande ville, Mar­seille, où les con­di­tions d’ac­cueil et la prise en charge des deman­des d’asile n’ont pas été respec­tées.

Ren­dez-vous bien­tôt, dans la rubrique “Appren­dre” pour un descrip­tif du par­cours admin­is­tratif français con­cer­nant les deman­des d’asile.

Hélène Bourgon
Crédits Photos : Mireille Barbier
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