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Alors que la France entame sa 4ème semaine de con­fine­ment, les per­son­nes les plus vul­nérables ne sont actuelle­ment tou­jours pas con­sid­érées dans les mesures de con­fine­ment pris­es par le gou­verne­ment. Sur les fils d’ac­tu­al­ité des réseaux soci­aux, nous pou­vons lire chaque jour l’im­pact des iné­gal­ités face aux mesures de pré­cau­tion engen­drées par le COVID 19. Dans les quartiers pau­vres des grandes villes, les familles n’ont plus les moyens de se nour­rir (cf arti­cle), dans les rues les per­son­nes sans domi­cile se révè­lent être de plus en plus nom­breuses à venir chercher un repas par jour auprès des col­lec­tifs de citoyens qui pré­par­ent et dis­tribuent des repas, la rue où l’on retrou­ve aus­si des mineurs et jeunes majeurs isolés dans dif­férentes villes en France comme Greno­ble (cf arti­cle). Là encore les citoyens pal­lient aux man­que­ments répéti­tifs des insti­tu­tions de l’E­tat. Les deux grandes ONG, Médecins du monde et Médecins sans fron­tières ont déposé la semaine du 13 avril 2020, une requête en référé con­tre les carences du con­seil départe­men­tal des Bouch­es du Rhône et du préfet et de la Ville de Mar­seille (Voir arti­cle).

Exem­ple à Mar­seille avec l’ap­pel à l’aide du col­lec­tif Saint Just qui réu­nit des jeunes majeurs, des familles et des mineurs isolés.

Alors que nous tra­ver­sons une crise san­i­taire, le col­lec­tif 59 Saint Just tire le sig­nal d’alarme : Les mineurs isolés sont en dan­ger, nous deman­dons pro­tec­tion et mise à l’abri immé­di­ate.
Aujour­d’hui à Mar­seille et encore plus depuis la crise san­i­taire, des dizaines de mineurs non accom­pa­g­nés (MNA) ne béné­fi­cient, comme le prévoit la loi, ni d’héberge­ment, ni d’ac­com­pa­g­ne­ment édu­catif, ni de suivi san­té.

Ils ne sont tou­jours pas pris en charge par le Con­seil Départe­men­tal, dans le cadre d’une mise à l’abri ou lorsque le jeune a été recon­nu mineur par l’au­torité judi­ci­aire qui a ordon­né un place­ment, dans une struc­ture d’héberge­ment type foy­er ou apparte­ment :
• Le ser­vice MNA de l’AD­DAP 13 qui a pour mis­sion le pre­mier accueil, l’en­reg­istrement des jeunes quand ils arrivent à Mar­seille et la mise à l’abri, a fer­mé dès le début de la crise. Seuls quelques édu­ca­teurs assurent, comme ils peu­vent, une présence ponctuelle auprès des ado­les­cents qui sont hébergés dans les hôtels.
• Alors que les ser­vices du départe­ment avaient annon­cé l’ou­ver­ture de 500 places depuis plusieurs
mois, main­tenant, ils sont dans une iner­tie totale. Il ne se passe plus rien et aucune infor­ma­tion pré­cise ne nous est trans­mise à ce sujet. Encore une fois, ce sont les col­lec­tifs et ONG qui se sub­stituent aux man­que­ments des insti­tu­tions :
• Le squat Saint Just abrite en ce moment 80 jeunes, qui atten­dent une mise à l’abri via le ser­vice MNA de l’AD­DAP 13 ou bien une place en héberge­ment suite à la déci­sion du Juge des enfants.
• Médecins sans fron­tières, depuis le début du mois de jan­vi­er, alertés par la sit­u­a­tion cat­a­strophique
en terme de prise en charge des MNA à Mar­seille ont décidé d’ou­vrir trois sites en urgence (en cen­tre ville et à la Pointe rouge) afin de per­me­t­tre à une soix­an­taine de jeunes d’éviter d’être à la rue.
• Des familles hébergeurs-ses sol­idaires accueil­lent égale­ment des ado­les­cents à leur domi­cile.
• On ne compte pas les jeunes qui dor­ment à la rue, à la gare Saint Charles, dans d’autres squats et/ou qui sont pris dans des réseaux.

À Saint Just, les jeunes sont regroupés jusqu’à huit par cham­bre. Ils n’ont pas accès ni à une machine à laver, ni aux pro­duits d’hy­giène de pre­mière néces­sité. En l’ab­sence de point d’eau dans leur cham­bre, ils doivent partager douch­es et toi­lettes avec les autres habitant.e.s. On est loin du respect des mesures bar­rières et des con­signes demandées pour éviter la prop­a­ga­tion du COVID19.

De plus, les mesures de con­fine­ment met­tent les enfants et les ado­les­cents en grande dif­fi­culté pour pour­suiv­re leur sco­lar­ité, puisqu’ils n’ont pas inter­net pour recevoir les cours et envoy­er leurs devoirs.

Depuis le début de la crise san­i­taire, à part des sol­idaires, des bénév­oles et des donateur.rices, nous n’avons reçu AUCUN sou­tien des autorités. RIEN . Pas de propo­si­tion d’aide matérielle en terme d’hy­giène pas exem­ple (savon, gel, gants, masques) mais surtout, AUCUN de ces ado­les­cents n’A
eu de solu­tion d’héberge­ment, alors même que le Secré­taire d’État chargé de la Pro­tec­tion de l’En­fance affir­mait la semaine dernière dans un tweet « chaque mineur pris en charge par l’aide sociale à l’en­fance et atteignant 18 ans con­tin­uera de l’être. Éval­ué mineur ou majeur, chaque jeune qui le demande sera mis à l’abri. Les ser­vices de l’é­tat et des départe­ments sont mobil­isés pour s’en assur­er ».

Nous le répé­tons encore et encore : les squats, les auberges, NE SONT DES LIEUX POUR DES ENFANTS ! Ils exis­tent car il n’est pas con­cev­able de les laiss­er dans la rue.
Les col­lec­tifs, les ONG , les hébergeur.euSe.s, NE SONT PASPOUR PALLIER LES CARENCES du départe­ment et de l’é­tat pour s’oc­cu­per de ces enfants alors qu’une crise san­i­taire sans précé­dent est en train de frap­per notre pays.
NOUS EXIGEONS , à l’in­star du Secré­taire d’É­tat à la Pro­tec­tion de l’En­fance la MISE À L’ABRI et la PROTECTION IMMÉDIATE de tous les mineurs non accom­pa­g­nés de Saint Just.

Les autorités savent où ils sont, ils ont leurs coor­don­nées : QUESTCE QUILS ATTENDENT ??????”

Col­lec­tif 59 St Just, le 4 avril 2020

Pho­to Une : mai­son du diocèse Saint Just à Mar­seille, mars 2019 @Hélène Bour­gon

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Le dossier Migra­tions : ICI

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