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Alors que le monde fête les 30 ans de la chute du mur de Berlin, un autre mur con­tin­ue de s’é­ten­dre. Celui qui sépare Israël et la Pales­tine” écrit Inès Gil dans son reportage depuis le check­point de Qalan­dia au nord de Jérusalem vers Beth­léem.

Depuis des décen­nies, des murs sont érigés partout dans le monde pour pro­téger, sépar­er ou empêch­er. Autre­fois pour se pro­téger con­tre l’invasion de l’ennemi, aujourd’hui pour empêch­er les réfugiés de pass­er, et sépar­er les peu­ples. A l’échelle humaine, les habi­tants con­stru­isent des murs autour de leurs pro­priétés, aujourd’hui de nom­breux pays, s’emmurent et font de leurs ter­ri­toires une pro­priété privée. Il n’est pas rare de lire depuis quelques années “L’Europe s’emmure, se mure”, le con­ti­nent ferme ses fron­tières devant l’arrivée de per­son­nes migrantes.

Ces murs peu­vent être de fab­ri­ca­tion humaine comme par exem­ple le mur qui sépare la pop­u­la­tion Chypri­ote en deux définis­sant de fait des con­struc­tions iden­ti­taires sin­gulières. Le mur peut aus­si être naturel comme la mer Méditer­ranée qui par sa poli­ti­sa­tion et son util­i­sa­tion géos­tratégique devient un piège séparatiste et mor­tel pour des pop­u­la­tions rêvant d’un ailleurs.
Mais de la Pales­tine, à l’Égypte, les murs sont autant mar­queurs de l’His­toire que mar­queurs d’his­toires où déri­sion, humour, allé­gories, s’expriment. Artistes et habi­tants, en font leur ter­rain d’expression. Au Caire par exem­ple, les murs bar­rant l’accès à la place Tahrir ont été détournés, con­tournés.

En Espagne ou en France, les murs sont par­fois plus sym­bol­iques, poli­tiques ou métaphoriques. Nos déplace­ments dans la ville ne sont-ils pas mar­qués de murs que nous n’osons par­fois pas franchir ? En Espagne, la ques­tion cata­lane ne reflète-t-elle pas des frac­tures poli­tiques plus larges au-delà même du dilemme autonomie con­tre indépen­dance ?

Finale­ment, les murs génèrent des sens dif­férents avec pour con­séquence des délim­i­ta­tions men­tales pour les pop­u­la­tions qui les subis­sent comme pour ceux qui béné­fi­cient de cette sup­posée forme de pro­tec­tion. Mur, apartheid, migrants, réfugiés, français de sec­onde zone, issus de l’immigration, issus de la coloni­sa­tion, grand rem­place­ment, intra­muros, péri­ur­bain, tenir le mur, lotisse­ments sécurisés, la France judéo chré­ti­enne, islamo-gauchiste, pro­tec­tion­nisme, con­trôle au faciès, con­trôle admin­is­tratif, cohé­sion sociale, quarti­er pop­u­laire, secteur sécurisé, quarti­er bour­geois, au delà du périphérique, le champ des pos­si­bles, pla­fond de verre, frac­ture sociale, etc.

Les murs nous par­lent, nous inter­pel­lent, écou­tons les.

Ce pro­jet de dossier a été pen­sé alors que se tenait à Mar­seille les 29 et 30 novem­bre le col­loque “Des murs” organ­isé par l’UPOP Mar­seille. Alors que l’Eu­rope fête les 30 ans de la chute du mur de Berlin que nous dis­ent les murs actuels. Deux jours de ren­con­tres avec des artistes, des philosophes, des jour­nal­istes, des chercheurs, etc.

Photo Une : Inès Molina collaboratrice 15–38 en Palestine

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