Le temps s’accélère dans les affaires algériennes et 15–38 reste à l’écoute du moindre bruissement émanant d’un peuple dans une dynamique de changement. Alors que la semaine dernière le système voulait prolonger l’agonie d’un piètre scénario, voici qu’un nouveau metteur en scène adepte des arts martiaux invite l’invisible Président à faire ses valises en sortant de son autoritaire képi l’article 102 de la Constitution algérienne.
Le jeu de domino vient de sérieusement commencer puisque les militaires constituent la colonne vertébrale du pouvoir en Algérie. Quid alors des contre-pouvoirs ? Cachez-moi cette opposition que le peuple ne saurait voir. Leurs traces ADN se retrouvent de près ou de loin mêlées au pot de confiture d’Abdelaziz. Ils ne tarderont pas à se battre pour les dernières miettes d’un pouvoir déprécié. Dès lors, le jeu d’échec algérien a un nouveau franc tireur à la table du poker, le général Ahmed Gaïd Salah.
Quittons les petites marionnettes d’Alger pour un tour à Marseille, où pour signifier la nouvelle donne politique, le peuple réplique au contexte par slogans interposés. Si les mots se jouent sur des cartons, le départ annoncé d’Abdelaziz a réveillé dans l’ancienne génération les souvenirs d’une trahison de plus de 60 ans. Boumédiène, Ben Bella, Bouteflika n’ont jamais signifié à leurs yeux le trio magique de l’attaque des clubs locaux de « NA Hussein Dey » ou de la JS Kabylie. Bien au contraire, leurs noms sont souvent synonymes de souffrance, de duperie, de fourberie, de gabegie, de meurtre, de migration forcée, de détournements de fonds… Malgré tout, le printemps est là, s’accompagnant du mot liberté qu’entonnent les Chebab sur le Vieux-Port. Mais il faut prendre garde à ce mot difficile à définir, au risque qu’il nous échappe.
Certains pensent qu’il faut couper la branche restante du colonialisme prédateur qui spolie l’économie algérienne. D’autres suggèrent que balayer devant la porte algérienne serait le plus salutaire dans cet instant révolutionnaire. Les anciens quant à eux ravalent leur rancœur dans leurs larmes. Ils confient aux jeunes pouces la mission de libérer le peuple algérien que jadis les racines de Karim Belkacem, Larbi Ben M’hidi, Abane Ramdane, Amar Ouamrane ou Youcef Zighoud avaient écrit de leur sang lors du congrès de la Soummam.
“Nous sommes dans un moment décisif pour la suite de la révolution algérienne”. Du moins, c’est ce que mon zoom entend dans la synchronisation des multiples voix qui s’élèvent. Si le peuple algérien installe son lit de camp dans les rues d’Algérie, force est de constater que l’écho de ses slogans conscientise le Marseille algérien. Aujourd’hui, ils et elles font preuve d’une maturité sans égal car à l’aune de leur expérience douloureuse, ils ont appris les leçons de leurs malheurs d’antan.
Le jeu d’échec ne fait que commencer, un gros pion est en passe de tomber dans l’escarcelle d’un peuple assoiffé de dignité. Paix à toi Abdelaziz et ferme bien la porte en partant, suggère l’ordonnance martiale du général Ahmed Gaïd Salah. Mais j’ai l’intime conviction que la plèbe ne compte pas s’arrêter aux manœuvres militaires d’un système à bout de souffle. Écoutez, écoutez… Prêtez l’oreille sur les ondes méditerranéennes de 15–38, entendez-vous les Algériens chanter la chute du régime ? Ainsi font font font les petites marionnettes, ainsi font font font, trois petits tours et puis s’en vont…